LE THIER DU GROS BOIS
Un dimanche de novembre, un ménétrier (= ménestrel) du Fourneau, qui avait joué du violon à Belair, retournait chez lui un peu avant minuit.
Arrivé au Thier du Gros Bois, il entendit des rires et une chanson mélodieuse, mais il ne vit personne. Pour se donner du courage et faire supposer qu’il n’avait point peur, il se mit à jouer du violon en s’éloignant au plus vite. Il vit, alors, sortir du tronc d’un gros marronnier, plusieurs dames blanches et messieurs en grande toilette se tenant par la main et former un cramignon. Il fut entouré et exécuta l’accompagnement : les danseurs riaient et sautaient. La danse terminée, les messieurs jetèrent dans le violon chacun une pièce d’or et tous partirent vers les marronniers et disparurent.
Le ménétrier, tout stupéfait de l’aventure, arriva chez lui au plus vite, impatient de montrer à sa femme les belles pièces d’or et de raconter ce qui lui était arrivé en ce lieu solitaire. Il prit son violon et voulut en faire sortir sa recette, mais à sa grande surprise il n’en sortit que des feuilles de marronniers.
Le ménétrier s’était endormi, avait rêvé et le vent avait jeté des feuilles dorées dans son instrument.